Après l’insight consacré au Winter Tale, l’agenda du Royal Ballet
donne une seconde occasion de se plonger dans l’univers chorégraphique
de Christopher Wheeldon avec la reprise de DGV: Danse à Grande Vitesse quelques semaines plus tard. Comme il est d’usage, le programme et les participants à la répétition
ne sont dévoilés que le soir même : cette fois le chorégraphe n’est pas
présent et c’est le maître de ballet Christopher
Saunders qui fait répéter les solistes de la seconde distribution* : Beatriz Stix-Brunell et Valentino Zucchetti, Tristan Dyer et Akane Takada, accompagnés par la pianiste Kate Shipway.
Inspiré par la Musique à Grande
Vitesse de Michael Nyman, DGV
débute comme un voyage avant de devenir plus abstrait. Le ballet met en scène
quatre couples principaux et huit couples secondaires dans des pas-de-deux plus ou moins rapides ; deux d'entre eux sont présentés lors de cette séance. « On commence lorsque la musique fait taa di
daa... » lance le maître de ballet à la pianiste... qui hausse les
sourcils. « La section du milieu »,
précise-t-il sous les rires du public. En plus d’accompagner les danseurs en
répétition, Kate Shipway jouera avec
l’orchestre lors des représentations, ce qui lui permet de transmettre au chef
les indications des répétiteurs. « Il
ne peut pas toujours être présent en studio, donc je le guide, indique-t-elle.
S’il veut imprimer sa marque, il peut toujours essayer ! »
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Beatriz Stix Brunell et Valentino Zucchetti, DGV © V.Z. / Twitter |
Si la chorégraphie de Christopher Wheeldon paraît toujours fluide et
évidente en scène, rien n’est aussi simple en répétition. Pour la deuxième
fois, j’observe les artistes batailler dans leur recherche des en-dedans, des déséquilibres
et des portés voulus par le chorégraphe. Christopher Saunders, impitoyable sur
la précision de chaque pas, les corrige sans relâche, ici pour un pied qui n’est
pas assez tourné vers l’intérieur, là pour une intention qui ne part pas de la
bonne partie du corps. Le premier couple peut à peine s’engager dans une phrase
chorégraphique que le maître de ballet les reprend déjà. « Vous devez former un seul corps, tu lui soulèves les bras. Non, littéralement,
ne feinte pas Valentino. Ce n’est pas Giselle ! Tu ne dois pas jouer. Non, ne prends pas la pose, ne fronce pas
les sourcils ! »
Le second couple est plus chanceux avec un pas-de-deux jazzy et
glamour. Sourire hollywoodien aux lèvres, Akane Takada semble s’amuser aux
côtés de Tristan Dyer, plus discret. Malgré ses 5 années d’ancienneté, j’ai l’impression
de découvrir ce danseur américain, ne l’ayant jusqu’ici jamais distingué de Valeri
Hristov (être aussi peu physionomiste, c’est assez terrible quand on se prétend
balletomane – ces répétitions sont heureusement l’occasion de mettre les points
sur les i). « Ne vous inspirez pas du DVD, avertit
Christopher Saunders, Steven McRae y prend quelques libertés à cet endroit... » Impossible
d’échapper à l’œil du maître de ballet. Lorsque vient le moment des
questions-réponses, un spectateur lui demande s’il sera présent à toutes
les représentations. « Oui, répond-t-il, les danseurs veulent du feedback. »
Beware !
*A l’origine prévus comme doublures, les quatre solistes ont
finalement dansé en alternance avec la première distribution suite aux
désistements de plusieurs principals.